Secteur par secteur : la blockchain est un outil d’innovation
La blockchain, méthode ouverte et sécurisée de stockage et de distribution d’informations, est un outil technologique fonctionnant sans serveur central. Autrement dit, c’est est un mode de stockage et de transmission de données sous forme de blocs liés les uns aux autres et protégés contre toute modification.
Si la blockchain fait tant parler d’elle, c’est d’abord car elle dispose d’innombrables qualités : désintermédiation, transparence, décentralisation, sécurité… Ces qualités engendrant des avantages importants : célérité, performance, confiance, diminuation des frais, etc.
Mais si la blockchain est aujourd’hui au centre de l’attention, c’est surtout grâce à son potentiel d’application dans de nombreux secteurs. Voyons comment il est possible d’en profiter dans ces secteurs.
La technologie émergente du smart contract
Si on rattache souvent l’application de la blockchain aux cryptomonnaies, il faut savoir qu’il existe d’autres applications telles que le smart contract (contrat intelligent, en français).
Il est compréhensible qu’une entreprise souhaite être à la pointe de la technologie et cherche continuellement à utiliser de nouvelles technologies pour rendre un processus d’investissement plus efficace et pour atténuer les risques liés à l’exécution du contrat. C’est là qu’interviennent les « smart contract », technologie émergente qui pourrait être appliquée à l’avenir dans de nombreux types de transactions dont l’exécution serait sécurisée par une blockchain.
L’utilisation de smart contract ne rendra pas seulement la négociation plus facile, mais elle rendra probablement l’exécution du contrat plus efficace, et prévisible. Ces nouveaux outils permettent de s’accorder sur la chronologie des documents, de vérifier qu’il n’y a pas eu de modification et que chacun des documents fait bien référence au même contenu.
Les parties numérisées devront toutefois travailler avec les parties humaines, ensemble, formant un tout efficace. Il est par exemple possible de prévoir l’utilisation de smart contract dans des opérations d’acquisition. Alors que certaines des conditions du contrat pourront, via transcription codée, être réalisées dans le monde numérique, d’autres nécessiteront peut-être de la discrétion, de la raison et du jugement : c’est par exemple là qu’interviennent les avocats.
Les blockchains axées sur la santé
Les grandes entreprises pharmaceutiques et d’appareils médicaux ont déjà recours à la blockchain avec pour but un meilleur accès aux données personnelles des patients dans le cadre de thérapies personnalisées.
Les produits pharmaceutiques circulant sont enregistrés sur des blockchains. Cela permet de suivre le produit jusqu’au distributeur ou la pharmacie qui le reçoit.
La blockchain est alors considérée comme un moyen particulièrement efficace en termes d’amélioration du contrôle qualité, de traçabilité et de garanties contre la contrefaçon de médicaments.
Un autre élément des plus remarquables concerne des blockchains ayant pour finalité d’accélérer la création de dossiers de santé électroniques portables, hautement sécurisés et faciles d’accès.
En fait, les smart contract peuvent être utilisés afin d’automatiser les processus pour une vitesse et une efficacité accrues, qu’il soit question de résolution de différends, de l’analyse d’images médicales ou d’étapes de transactions de la chaîne d’approvisionnement.
Les métiers de l’immobilier particulièrement concernés par la blockchain
La blockchain, toujours dans un souci de mémorisation et de vérification des transactions, pourrait permettre l’échange de parcelles de propriétés immobilières ou foncières.
En réalité, on y assiste déjà via la « tokenisation » des biens immobiliers. Ces actifs immobiliers sont gérés sur des protocoles blockchains, lesquels permettent à qui le veut d’acheter ou vendre des flux de revenus issus de l’immobilier.
Cette technologie ne concerne pas seulement l’investissement immobilier mais aussi la location de biens immobiliers puisqu’elle permet l’enregistrement et la gestion des contrats de location, de la signature du bail au versement des loyers. Ce n’est pas tout, la désintermédiation que permet la blockchain, par le biais des smart contract, vient challenger les plateformes de location saisonnière centralisées. En effet, la création d’une plateforme par laquelle les transactions s’effecturaient sur une blockchain pourrait sérieusement concurrencer ces plateformes.
La blockchain peut également être utilisée comme verrou de sécurité du foncier. Son application à la tenue des cadastres offrirait un répertoire des propriétés, public ou privé et réservé aux acteurs du marché, à la fois transparent et infalsifiable.
Et si la blockchain permettait aussi la gestion des bâtiments et copropriétés de manière optimisée ? La gestion et l’exploitation du bâti constitue l’une des nombreuses applications possibles. La blockchain fonctionnerait alors comme un registre permettant l’accès, le partage et la mainmise sur les données d’exploitation liées aux biens immobiliers (votes, décisions d’assemblée, charges, travaux, etc), ainsi que sur les informations résultantes d’objets connectés ou réseaux intelligents (électricité, eau…).
Sans revenir sur l’utilisation des smart contract il est également possible de recourir à l’automatisation des transactions immobilières grâce à cette technologie, toutefois sans exclure le notaire qui, en plus de conserver un rôle primordial d’authentification, conservera un rôle quant aux conditions qui ne peuvent être réalisées numériquement. En ce sens, la Chambre des Notaires de Paris a d’ores et déjà mis en place une blockchain privée, à titre de test, afin de compiler et partager des informations vérifiées et infalsifiables sur des immeubles parisiens.
Le secteur immobilier est très régulé et le cadre juridique, comme pour toute technologie émergente, doit encore être défini avant d’envisager des usages à grande échelle.
En France, l’Assemblée nationale a lancé en février une mission d’information sur les usages de la blockchain afin de convenir à l’élaboration de règles juridiques, comptables et fiscales permettant l’encadrement de ces échanges de crypto-actifs.
Une blockchain trouvant son intérêt dans les secteurs du commerce et de l’énergie
La blockchain peut améliorer les processus de nombreuses façons dans ces deux secteurs.
Il est par exemple possible de recourir à son utilisation pour suivre des marchandises dès le début de la chaîne d’approvisionnement, jusqu’aux points de vente et de service. Un seul événement inattendu pouvant provoquer une série de perturbations en cascade dans la chaîne d’approvisionnement, l’idée est de construire un système plus résilient. Or, la blockchain permet une visibilité en temps réel ou presque sur ces opérations et permet de réagir plus vite si cela devait être nécessaire.
Cela rendrait possible, grâce au suivi des articles, des réponses efficaces et précises aux événements de sécurité alimentaire par exemple.
Les blockchains permettent également un suivi optimal de la production décentralisée d’énergie et l’amélioration de la gestion du réseau et des compteurs. Des entreprises les utilisent notamment pour innover dans des domaines tels que la recharge de véhicules électriques.
En matière de commerce de l’énergie, il est même possible d’envisager des transactions énergétiques autonomes de machine à machine (M2M).
La blockchain face aux métiers de l’industrie manufacturière
Sur des besoins semblables à ceux du commerce, l’industrie manufacturière pourra recourir aux blockchains pour suivre les produits du stade de matières premières à celui de produits en état de marche. La technologie serait aussi efficace pour tracer les étapes de la production depuis leur source jusqu’au produit industriel final.
Il est donc possible d’obtenir des informations sur la provenance de chaque composant d’un produit grâce à la blockchain. Le plus grand degré de précision facilite l’audit du processus, l’éradication des articles contrefaits et l’élimination des matières premières d’origine inappropriée.
Les smart contracts permettent aussi des systèmes d’automatisation de la chaîne de production.
L’utilité certaine de la blockchain dans le secteur de la télécommunication
Le respect de la vie privée, la confiance et la sécurité des données continuent d’être au cœur des préoccupations des consommateurs du monde entier.
Pour ne donner qu’un exemple, combien de fois par jour votre téléphone reçoit-il des appels ou messages non désirés ? La solution est un processus d’épuration, basé sur la blockchain, permettant aux annonceurs et aux télévendeurs agréés de contacter uniquement les utilisateurs qui ont choisi une option leur permettant de le faire.
Cet enregistrement des préférences des utilisateurs est la prochaine étape pour garantir que les opérateurs de télécommunications restent parmi les parties les plus fiables pour le traitement des données personnelles et la protection de la vie privée.
Le partage des informations dans les entreprises de voyage et de transport
Si l’on prend l’exemple de la pratique de l’interligne dans l’industrie du transport aérien, ce sont de multiples transactions inter-entreprises qui ont lieu chaque jour entre des agents de réservation, des transporteurs aériens, des sociétés de cartes de crédit. Le résultat est souvent sujet à une grande complexité, des erreurs ou même des transactions litigieuses.
Mais lorsque toutes les parties utilisent les mêmes données dans un environnement blockchain, la visibilité et le partage d’informations communes peuvent éliminer les incohérences.
Utilisée sur terre, en mer ou dans les airs, la blockchain accélère les transactions, élimine la fraude et aide à rationaliser les opérations de transport grâce à un système fiable et sécurisé qui renforce la confiance entre les parties.
Blockchain & Agriculture : l’émergence des smart farms
Le secteur de l’agriculture n’échappe pas au développement de la blockchain, outre ses qualités déjà reconnues jusqu’ici, c’est de l’émergence des smart farms dont il va être question.
L’idée est la récolte de données via des capteurs permettant de surveiller l’environnement de l’exploitation (température, croissance des cultures, taux d’humidité). Suit l’inscription des données dans des blockchains avec droits de partage aux acteurs concernés. Ces données collectées permettent d’aider l’agriculteur dans la prise de décision sur des données immuables.
Il est alors facile d’imaginer la combinaison smart contract / smart farms : prime d’assurance déclenchée en fonction des conditions météorologiques, préventes de récoltes, et autres applications liées à des capteurs. Le contrat serait en fait directement alimenté par les données des capteurs, qui permettraient par exemple de déclencher automatiquement un paiement après 45 jours de sécheresse sans que cela ne nécessite la déclaration ou revendication de l’assuré ou même l’intervention d’un expert.
Les diverses applications de la blockchain dans le secteur de l’art
Le secteur de l’art permet un nombre d’applications de la blockchain assez impressionnant.
La blockchain va permettre d’établir un registre des titres de propriété pour le marché de l’art et des objets de collection. C’est à dire qu’elle va aider les maisons d’enchères à communiquer des informations fiables et infalsifiables à leurs clients.
Chaque acteur du secteur pourra enregistrer, authentifier, localiser ou même retracer la provenance d’une oeuvre. Toutes les productions seront alors inscrites dans blockchain, rendant impossibles les fraudes et la propagation de faux tableaux.
Les smart contract pourraient certainement permettre de se passer des tiers de confiance tels que les maisons de vente actuellement indispensables au fonctionnement du secteur.
Plus largement, les smart contract pourraient aussi faciliter les échanges entre les propriétaires et les musées puisqu’il n’est pas rare qu’un collectionneur loue des œuvres le temps d’une exposition. La blockchain va permettre d’enregistrer, et de rendre incontestables, les termes de cette location. En ce sens, le certificat d’authenticité pourra être cédé temporairement au musée puis sera automatiquement retransféré au propriétaire au terme de la période de location.
Les smart contract vont aussi faciliter le travail des assureurs d’art. Ils vont permettre d’élaborer des contrats d’assurance plus précis et plus adaptés.
De plus, en automatisant les étapes de l’exécution d’un contrat, la blockchain permettra aux assureurs d’éviter la fraude et à l’assuré de recevoir de manière plus rapide les indemnités financières promises.
Il est également possible d’imaginer un registre décentralisé qui contiendrait des données permettant l’estimation précise des risques inhérents à chaque oeuvre selon leurs matériaux, leur date de création et la technique utilisée.
Une autre étape dans le secteur de l’art serait la « tokenisation » des œuvres, permettant de posséder une fraction de l’oeuvre. La tokenisation permettrait de protéger les œuvres les plus emblématiques du patrimoine contre les vols, accidents ou dégradations du temps puisqu’une fois numérisée l’œuvre devient éternellement inaltérable.
En conclusion, il a été possible de retenir à travers quelques exemples qu’il existe de nombreux moyens d’utiliser la blockchain, et qu’il en existe encore sûrement beaucoup à découvrir. Les entreprises de tous les secteurs ont tout intérêt à se saisir du sujet et à chercher l’innovation.
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